En feuilletant mes photos de vacances, je suis retombée sur celles de notre escapade en Bretagne l’année dernière. Et là, au milieu des clichés de phares et de côtes sauvages, une photo m’a fait fondre : celle du petit kouign-amann tout doré que j’avais acheté dans une boulangerie de Douarnenez. Dès la première bouchée, j’ai compris pourquoi cette pâtisserie fait la fierté de la Bretagne depuis plus d’un siècle !
Cette texture si particulière – croustillante et caramélisée à l’extérieur, fondante et beurrée à l’intérieur – c’est un peu comme croquer dans un petit morceau de paradis breton. Quand le beurre légèrement salé se mélange au sucre caramélisé… là, on touche au sublime ! Depuis, j’ai testé plusieurs recettes pour retrouver ces saveurs chez moi, et aujourd’hui je partage avec vous mes secrets pour réussir ce gâteau mythique, en version traditionnelle ou en petites portions individuelles.
Qu’est-ce que le kouign-amann breton ?
Le kouign-amann (On prononce “kwin-aman” ?), c’est d’abord une histoire de mots : en breton, “kouign” signifie gâteau et “amann” veut dire beurre. Autant dire que le programme est annoncé dès le départ ! Cette pâtisserie emblématique de la Bretagne nous vient tout droit de Douarnenez, dans le Finistère, où elle aurait vu le jour vers 1860.
L’histoire raconte que c’est le boulanger Yves-René Scordia qui l’aurait inventée presque par hasard. Un jour de forte affluence, à court de gâteaux pour ses clients, il aurait improvisé avec ce qu’il avait sous la main : de la pâte à pain, du beurre (qui ne manquait jamais en Bretagne !) et du sucre. Le résultat fut si délicieux que la recette s’est rapidement répandue dans toute la région.
Ce qui rend le kouign-amann si unique, c’est sa composition très particulière : 40% de pâte à pain levée, 30% de beurre demi-sel et 30% de sucre. Ces proportions inhabituelles donnent naissance à une pâtisserie qui ne ressemble à aucune autre. Grâce à la technique du feuilletage, qui consiste à incorporer le beurre et le sucre par pliages successifs, on obtient ces fameuses couches qui font tout le charme du kouign-amann.
Pendant la cuisson, la magie opère : le mélange beurre-sucre caramélise et forme cette croûte dorée irrésistible, tandis que l’intérieur reste moelleux et imbibé. C’est ce contraste de textures qui fait qu’on ne peut jamais s’arrêter à une seule part !
Ingrédients pour un kouign-amann traditionnel
Temps de préparation : 3h (avec repos) – Temps de cuisson : 50 minutes
Pour 6-8 personnes (ou 4 si vous êtes vraiment gourmands !) :
Pour la pâte :
- 400g de farine T55 (celle qu’on utilise pour le pain, pas la pâtissière)
- 20cl d’eau tiède (attention, pas brûlante !)
- 7g de levure de boulanger fraîche (ou 3g de levure sèche)
- 1 cuillère à café de sel fin
Pour le feuilletage :
- 300g de beurre demi-sel de qualité (prenez le bon, c’est l’âme du gâteau)
- 300g de sucre semoule (pas de sucre glace, on veut le croquant !)
- 1 pincée de fleur de sel de Guérande (pour la touche finale)
Pour la finition :
- 2 cuillères à soupe de lait entier (pour le dorage)
Notes sur les ingrédients : Le beurre demi-sel est absolument indispensable – c’est lui qui donne ce petit goût si particulier qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Si vous n’en trouvez pas, vous pouvez utiliser du beurre doux et ajouter une pincée de fleur de sel, mais ce ne sera pas tout à fait pareil. Pour la farine, j’utilise toujours de la T55 classique. Et surtout, pesez vos ingrédients plutôt que de les mesurer en volume – avec le kouign-amann, la précision c’est la clé du succès.

Préparation du kouign-amann
Préparation de la pâte
Commencez par diluer la levure dans l’eau tiède (elle doit être à peine plus chaude que votre doigt). Laissez reposer 5 minutes – vous devriez voir de petites bulles apparaître, signe que votre levure est bien vivante !
Dans un grand saladier, mélangez la farine et le sel. Creusez un puits au centre et versez-y l’eau avec la levure. Pétrissez énergiquement pendant 8 à 10 minutes jusqu’à obtenir une pâte bien lisse et élastique. Elle doit être souple mais pas collante – si c’est le cas, ajoutez un peu de farine.
A la main on peut avoir les bras en compote ! Mais c’est ce pétrissage qui va donner la texture finale. Formez une boule, placez la dans un saladier légèrement huilé, couvrez d’un torchon humide et laissez lever 1h30 à température ambiante. La pâte doit doubler de volume.
Le feuilletage : le secret du kouign-amann
Ah, le feuilletage ! C’est là que ça devient technique, mais tellement gratifiant quand on y arrive. Sortez votre beurre du frigo 30 minutes avant – il doit être souple mais pas mou.
Sur un plan de travail bien fariné, étalez la pâte en rectangle d’environ 30×20 cm. Disposez le beurre ramolli au centre et saupoudrez généreusement de sucre (gardez-en un peu pour la suite). Rabattez les bords de la pâte sur le beurre comme une enveloppe.
Maintenant, place au premier tour : étalez délicatement au rouleau en rectangle, puis pliez en trois comme un portefeuille. Tournez d’un quart de tour et recommencez. Emballez dans du film plastique et hop, 30 minutes au frigo !
Répétez cette opération deux fois de plus, en ajoutant à chaque fois un peu du sucre restant. Entre chaque tour, repos au frais obligatoire – c’est ce qui va permettre au beurre de ne pas fondre et de créer ces belles couches feuilletées.
Façonnage et cuisson
Préchauffez votre four à 180°C. Étalez une dernière fois la pâte en cercle d’environ 25 cm de diamètre. Placez-la dans un moule beurré et sucré (ça évite que ça colle !).
Avec la pointe d’un couteau, scarifiez le dessus en losanges – c’est la signature du kouign-amann ! Badigeonnez de lait et piquez en 6-8 endroits avec une fourchette pour éviter qu’il gonfle trop.
Enfournez pour 45 à 50 minutes jusqu’à ce qu’il soit bien doré et que le sucre ait caramélisé. Les bords doivent être croustillants et le centre encore légèrement moelleux. Au marché ce matin, un boulanger m’a dit que le secret, c’est d’écouter son kouign-amann : quand il grésille doucement, c’est qu’il est prêt !
Laissez tiédir 10 minutes dans le moule avant de démouler. Et là… résistez à la tentation de le couper tout de suite ! Un kouign-amann, ça se déguste tiède, quand le beurre est encore coulant et le caramel croustillant.
Les secrets d’un kouign-amann réussi
Après plusieurs tentatives (et quelques ratés mémorables !), j’ai appris à reconnaître les signes d’un kouign-amann parfaitement réussi. Car oui, cette pâtisserie a ses petits caprices !
Le test ultime ? Quand vous le sortez du four, il doit légèrement grésiller et quelques gouttes de beurre doivent perler à la surface. C’est le signe que le feuilletage a bien fonctionné et que le beurre s’est correctement réparti entre les couches.
| Kouign-amann réussi | Erreurs courantes |
|---|---|
| Croûte dorée et caramélisée uniformément | Surface pâle ou brûlée par endroits |
| Beurre qui suinte légèrement | Pâte sèche sans brillant |
| Texture feuilletée bien visible à la coupe | Pâte compacte et dense |
| Son qui grésille à la sortie du four | Silence total (beurre mal incorporé) |
| Parfum de beurre noisette | Odeur fade ou de brûlé |
L’erreur que j’ai longtemps faite ? Vouloir aller trop vite ! Le repos au frigo entre chaque tour est absolument crucial. Sans ça, le beurre fond, se mélange à la pâte et adieu le feuilletage… On se retrouve avec une sorte de brioche sucrée, certes délicieuse, mais ce n’est plus un kouign-amann !

Les mini kouign-amann : tradition et modernité
Depuis que j’ai découvert les kouignettes, chez la maison Georges Larnicol à Cabourg, j’ai un petit faible pour ces versions miniatures ! Plus pratiques pour les goûters entre amies, plus faciles à doser aussi… et soyons honnêtes, moins culpabilisantes !
Ces petites merveilles gardent tout le caractère du kouign-amann traditionnel mais avec quelques avantages non négligeables. D’abord, la cuisson est plus rapide – 20 à 25 minutes suffisent. Ensuite, le rapport croûte/mie est parfait : chaque bouchée offre ce contraste de textures qu’on adore.
Pour adapter la recette en 12 kouignettes :
- Utilisez la même pâte que pour la version traditionnelle
- Après le dernier feuilletage, étalez en rectangle et découpez 12 carrés
- Placez chaque carré dans un moule à muffins bien beurré et sucré
- Réduisez la cuisson à 200°C pendant 20 minutes
L’astuce que m’a donnée une copine bretonne ? Rouler chaque carré sur lui-même avant de le placer dans le moule. Ça donne un effet spirale magnifique une fois cuit !
Comment servir et déguster le kouign-amann
Pour le kouign-amann, la règle d’or c’est : toujours tiède. Jamais froid, jamais brûlant. Cette température parfaite où le beurre est encore coulant mais où on peut le tenir sans se brûler les doigts.
Si il a refroidi, pas de panique ! Réchauffez-le 10 minutes au four à 150°C. Évitez absolument le micro-ondes qui le rendrait caoutchouteux. Au marché, un vieux boulanger de Quimper m’a confié son secret : “éteindre le four et laisser la chaleur résiduelle faire le travail”.
Côté accompagnements, un bon cidre brut bien frais reste l’alliance parfaite. Mais personnellement, j’adore aussi avec un thé noir corsé ou un simple café. Les filles adorent quand je prépare un plateau gourmand avec des kouignettes tièdes et différentes boissons chaudes !
Conservation : soyons clairs, un kouign-amann c’est comme les crêpes de ma grand-mère, c’est meilleur le jour même ! Maximum 2 jours dans une boîte hermétique, et toujours réchauffer avant de servir.
Variantes et déclinaisons modernes
Même si je suis plutôt traditionaliste en cuisine, j’avoue avoir craqué pour quelques variantes créatives !
Le kouign-amann aux pommes reste mon péché mignon : j’ajoute de fines lamelles de pommes entre les couches lors du feuilletage. Ça rappelle les tartes aux pommes à l’ancienne mais en version bretonne !
Certains boulangers audacieux proposent des versions salées avec du fromage ou même des lardons. Bon, ça me fait un peu bizarre au début, mais finalement pourquoi pas ? Après tout, on met bien du beurre salé !
Les kouignettes parfumées ont aussi le vent en poupe : chocolat-caramel, framboise-rose, citron-pavot… Personnellement, je préfère rester classique, mais c’est vrai que pour épater lors d’un goûter, ça fait son petit effet.
Et puis il y a la tendance des kouign-amann croissants qu’on voit dans certaines pâtisseries parisiennes. Un mix entre notre chouchou breton et la viennoiserie… Curieux mais pas déplaisant !
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Un patrimoine breton à préserver et savourer
Au fond, ce qui me touche le plus avec le kouign-amann, c’est cette histoire d’improvisation qui a donné naissance à une légende. Ce boulanger de Douarnenez qui manquait de gâteaux et qui a créé, presque par accident, l’une des pâtisseries les plus emblématiques de France !
Ça me rappelle pourquoi j’aime tant cuisiner : ces moments où, avec trois fois rien, on crée quelque chose d’extraordinaire. Le kouign-amann, c’est ça : de la simplicité sublimée par le savoir-faire.
Alors oui, c’est un peu technique. Oui, ça demande de la patience avec tous ces repos au frigo. Mais quand vous verrez les yeux de vos proches en croquant dans votre premier kouign-amann maison… là, vous comprendrez pourquoi ça vaut tous les efforts du monde ! Comme le quatre-quarts traditionnel, le kouign-amann fait partie de ces recettes qui traversent les générations sans prendre une ride.
Mon conseil ? Lancez-vous ! Même si votre premier essai n’est pas parfait, même si le feuilletage n’est pas impeccable… L’important, c’est de perpétuer cette belle tradition et de partager ces moments de bonheur autour d’une pâtisserie qui a plus de 160 ans et qui n’a rien perdu de sa magie !




